Les façades maritimes de l’Asie orientale, un espace majeur de la mondialisation

 

Introduction

l’Asie orientale orientale représente aujourd’hui un espace majeur de la mondialisation, elle est l’un des 3 poles de la Triade qui concentre la plus grande partie de l’activité, des échanges et de la richesse mondiale
Au sein de cet immense espace géographique, la plus grande partie de la population et des activités s’est fixée sur les littoraux, accentuant dans chacun des pays la polarisation entre une façade maritime active et unhinterland moins actif et moins attractif .Comment expliquer un tel phénomène que l’on retrouve dans tous les espaces mondialisés ?

Quel rôle particulier jouent les littoraux dans la fixation des hommes et des activités ?

Queles transformations et quels aménagements ont permis aux façades maritimes d’occuper toute leur place dans la production et les échanges ?

Enfin, les façades maritimes de l’Asie orientale constituent un ensemble discontinu et longtemps dominé par la puissance japonaise, nous verrons comment l’émergence des ‘dragons asiatiques et le réveil de la Chine ont fait évoluer les rapports de force au sein de cet ensemble

 

A/ La littoralisation des hommes et des activités

1.La concentration des hommes sur les littoraux

La concentration des hommes sur les littoraux est une donnée ancienne de l’histoire des peuples de cette région. Les premières causes de cette situation sont d’abord naturelles, les hommes se fixant dans les zones arrosées par la mousson, les plaines littorales et les deltas des grands fleuves. Par ailleurs, l’insularité et la fragmentation des territoires ont encouragés le commerce et les échanges par voie maritime. Enfin, il ne faut pas oublier l’importance de la pêche comme activité majeure et traditionnelle. La mondialisation, mais aussi l’essor démographique ont donné simplemùent une ampleur nouvelle et inédite à une donnée plus ancienne

2. L’essor des villes portuaires

Un autre bouleversement est survenu au cours de ces dernières décennies, celui de l’urbanisation accélérée de la côte chinoise qui contribue à attirer toujours plus de main-d’œuvre en provenance des campagnes. Migrants de l’intérieur, illégaux, c’est par dizaines de millions queces paysans qui ont quitté leur province natale ont servi à l’édification des mégapoles chinoises. Ils constituent un énorme réservoir de main-d’œuvre, sous-payée, précaire et vulnérable. Sans cette énorme force de travail qui permet de réduire les coûts de production et donc de réaliser des profits considérables,

L’essor des villes portuaires est aussi la conséquence mécanique de l’industrialisant dans le cadre d’une économie extravertie et tournée vers les marchés exterieurs

Les grands ports et les zones industrialo-portuaires fonctionnent comme des interfaces reliant l’Asie orientale au reste du monde

 

B/ Transformations et aménagement des littoraux

1. Les héritages

L’époque des comptoirs et des concessions, celle de la domination britannique puis de l’occupation japonaise a été celle de l’ouverture, forcée et brutale , de la Chine au reste du monde

Cette première industrialisation fait de la Chine et des territoires confisqués par les Britanniques ( Hong kong et Singapour) une composante de l’Empire britannique.

L’occupation japonaise qui débute en 1931 avec l’invasion de la Mandchourie est beaucoup plus brutale, elle sera marquée en 1937 par le terrible sac de  Nankin, toujours inscrit comme une blessure dans la conscience nationale des chinois

Cet épisode illustre le caractère particulier des rapports entre la Chine et le Japon, la puissance japonaise se trouvant confiné dans un espace trop réduit et privé de ressources naturelles va chercher en Chine la main d’oeuvre et les ressources dont elle a besoin

La puissance japonaise fut aussi longtemps limitée par la présence coloniale française et britannique,, les uns occupant la péninsule indochinoise et les autres l4inde, la Birmanie et la Malaisie, sans oublier l’Indonésie et ses immenses ressources sous occupation hollandaise

2. La conteneurisation, une première étape dans la rationalisation

Pendant la guerre froide, les États-Unis avaient contribué à l’organisation de l’espace de l’Est asiatique en y implantant des bases militaires. Véritables têtes de pont de la puissance américaine en Asie face à l’ennnemi communiste, les ports japonais, sud-coréens et taïwanais ont bénéficié d’une modernisation accélérée, à même de satisfaire les besoins de la logistique américaine et, accessoirement, de diffuser ce qu’on appelle le mode de vie américain. La conteneurisation a été mise en place en Asie afin de répondre aux nécessités de la guerre de Corée, puis à celle du Vietnam. Le procédé, qui consiste en un système de caisses emboîtables identiques et adaptées aux trois modes de transport (maritime, routier et ferroviaire), permet de réduire de trois mois à moins d’une semaine le temps de déchargement du matériel dans les ports. Ce qui permet aussi de réduire les coûts et le temps d’acheminement. Singapour, porte d’entrée de l’Asie orientale, est le premier port à être conteneurisé. Ce développement portuaire entraîne celui de la construction navale, qui fut longtemps le domaine d’excellence du Japon.

3. La course au gigantisme

Avec la création de zones franches (Zones économiques spéciales ou ZES), il a fallu réaménager les grands ports chinois (Shanghai, Canton) afin d’adapter leurs infrastructures à la mesure des nouvelles ambitions économiques et commerciales. Ceux-ci se placent aujourd’hui parmi les dix premiers ports mondiaux en termes d’activité. Ce sont d’immenses zones industrialo-portuaires gagnées sur la mer, pourvues d’installations modernes, de bassins profonds, de grues à portique reliées à un système de commande informatique, avec des montagnes de conteneurs multicolores servant aux entreprises implantées à proximité, dans les zones qui leur sont réservées. Shenzen (sud-est de la Chine) a été le prototype de ce type de développement accéléré. À l’échelle du continent entier, la modernisation du système portuaire a induit la rationalisation de la gestion des flux portuaires sur le modèle « Hubs and Spokes », système de répartition des marchandises entre ports principaux et secondaires afin d’éviter tout voyages à vide. La coordination se fait informatiquement et électroniquement entre les infrastructures portuaires des différents pays concernés, et bien sûr suppose une étroite collaboration entre les firmes multinationales et les autorités locales et nationales. À ce jour, l’Asie orientale est la région du monde où ce système est le plus performant.

III Une région dominée par la rivalité entre le Japon et la Chine

1. La puissance japonaise et ses ambitions asiatiques

Historiquement , le Japon a tenté de trouver en Asie ses ressources de matières premières et ses réserves de main d’oeuvre. Pour cela, il se heurte aux puissances coloniales qui se sont déjà partagé l’Asie ( Hollandais en Indonésie, Britanniques en Inde et en Malaisie, Français en Indochine..). Le Japon se tourne vers la Corée et la Chine par des agressions militaires et une politique de conquêtes très brutale

Après sa défaite militaire de 1945 le Japon bénéficie de l’ effacement de la Chine, de la chute des empires coloniaux et de l’aide américaine

2. L’ouverture chinoise (1979)

Le Japon devient en quelques décennies la 2ème puissance économique mondiale et la première puissance régionale en Asie

Cette suprématie est remise en cause à partir de 1979 par la politique d’ouverture de la Chine, puis par la volonté de la Chine de s’affirmer comme une puissance asiatique

3. Des avantages différents

  • Le Japon bénéficie de son avance technologique, de la puissance de ses grandes entreprises et de sa puissance financière, son handicap est l’étroitesse de son territoire national, sa dépendance pour les matières premières et l’énergie et la faiblesse relative de sa population
  • La Chine a l’avantage du nombre, de l’immensité et de la richesse du territoire et elle rattrape rapidement son retard industriel et technologique sur le Japon

Conclusion

Les façades maritimes de l’Asie orientale sont bien des espaces majeurs de la mondialisation, elles sont à la fois le témoignage et l’instrument de l’émergence de cette puissance de l’Asie de l’Est

Ces façades jouent aussi un rôle important dans une intégration régionale de plus en plus poussée

Les grandes organisations régionales que sont l’ ASEAN et l‘OCS ( organisation de coopération de Shanghai témoignent qu’au delà de la concurrence et des rivalités, c’est bien un espace commun de développement qui se met en place et cela à l’echelle d’une region qui regroupe plus de 2 milliards d’être humains

Les évolutions récentes de ces littoraux témoignent que leur aménagement répond de plus en plus aux besoins d’une division du travail organisée non plus seulement en fonction des besoins du marché mondial, mais aussi d’un marché régional en voie de renforcement.

DOCUMENTS ANNEXES

ANNEXE1

Légende : le sac de Nankin, Décembre 1937

Le viol de NANKIN Décembre 1937

La proclamation de la République populaire de Chine le 1 Octobre 1949 ne marque pas seulement la victoire des communistes chinois, elle marque ausi la fin d’une longue période de domination et d’occupation étrangère. La Chine, avec la prise du pouvoir par les communistes referme une longue et tragique période de son histoire où elle avait perdu son indépendance et sa souveraineté

Le  massacre de Nankin, commis par l’armée impériale japonaise contre une population livrée à sa merci constitue sans doute l’épisode le plus  atroce de l’Histoire de la Chine et reste aujourd’hui l’un des principaux fondements de la conscience nationale et de la mémoire collective des Chinois.

L’impérialisme japonais dans son développement se heurta très vite à l’étroitesse de son territoire national et à la faiblesse de sa population et de ses ressources.

Son besoin d’un « espace vital », au sens strict que les Nazis donnaient à ce terme,se heurtait à l’obstacle absolu que constituaient l’Empire britannique et les possessions coloniales françaises et néerlandaises.

La Chine était une proie offerte, affaiblie, divisée, déchirée par les puissances impérialistes, elle ne pouvait offrir aucune résistance à la soif de conquête des Japonais.

Du point de vue japonais, la Chine offrait l’immense avantage de l’étendue de son territoire et de ses ressources et surtout de sa population que l’on projetait de réduire au servage le plus brutal.

Il faut comprendre que dans les milieux impériaux japonais, dans la caste des officier et une grande partie de la population japonaise, les chinois sont vus comme une race inférieure, un peuple de coolies voués à servir ses nouveaux maîtres.

En un mot,  la vision japonaise de la Chine correspond à celle que les Nazis se font du monde slave, une terre de conquêtes et un peuple voué à la domination la plus brutale et aux formes les plus barbares de l’exploitation, plus proches du travail forcé que du salariat moderne.

Il y a,  comme en Allemagne la résurgence ou la survivance d’un passé féodal et des exigences de l’exploitation capitaliste poussée jusqu’au point où même la survie biologique de la force de travail n’est plus assurée

Le massacre de Nankin, qui a surpris et choqué les historiens par son épouvantable niveau de barbarie et de cruauté, ne peut être compris que dans ce contexte, un contexte dans lequel les soldats japonais sont éduqués et formés dans la haine et le mépris des chinois, jusqu’au point de la négation de leur humanité même

 

Tortures, viols et meurtres.

Les témoignages des rares étrangers restés sur place sont terribles : viols, exécutions, massacres en masse… Les femmes étaient violées sur place, écolières dans leurs dortoirs, infirmières dans les hôpitaux, Volonté d’humilier tout un peuple, obsession sexuelle d’hommes soumis à une violence institutionnalisée, qui traumatisèrent toute une ville, tout un peuple.

Enfants et vieillards sont sauvagement massacrés ainsi que les quelques rares soldats restés dans la ville.
Le nombre des victimes de cette dizaine de jours d’orgie meurtrière n’a jamais été établi avec certitude. Robert Guillain, alors tout jeune envoyé spécial de l’agence Havas en Chine, donne dans ses souvenirs le chiffre de 200 000 victimes.

Après quelques jours de cette tuerie, les artères de la ville sont jonchées de monceaux de cadavres
(43 000 selon la Croix-Rouge chinoise). Ces corps sont laissés sur place au risque de provoquer des épidémies.

Des témoins ont évoqué le raffinement des supplices que les Japonais faisaient subir à leurs victimes.
Les meurtres et les viols ne suffisent pas ; les militaires inventent de nouveaux procédés : ils font déshabiller les hommes et les femmes puis les laissent mourir de froid ; ils les enterrent vivants ; les obligent à boire du kérosène ou les éventrent à coup de baïonnette.

 

ANNEXE 2

Légende : la prise et le pillage du Palais d’été, 6 Octobre 1860

 

Les guerres de l’opium

 

On appelle guerres de l’opium les guerres menées au XIXe siècle par les Britanniques pour imposer à la Chine la culture et le trafic du pavot dont les marcxhands britanniques et la couronne britanniques étaient les organisateurs et les bénéficiaires

Ces 2 guerres se terminèrent par la défaite et l’humiliation de la Chine qui se vit privée de ses ports principaux confisqués par les Anglais

Cette guerre fut aussi marquée par un épisode tragique et hautement symbolique, l’incendie et le pillage par les Français et les Britanniques du Palais d’été des empereurs de Chine

 

 Une guerre plus injuste dans son origine, une guerre plus prévue dans sa préparation pour couvrir d’une honte perpétuelle ce pays, je n’en connais pas dans toute l’histoire. Le pavillon britannique, qui flotte fièrement sur Canton, n’est hissé que pour protéger un infâme trafic de contrebande.

Lord William Glasstone député auCommunes, le Parlement britannique

 

‘Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié ( ) L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits.

Victor Hugo lettre au capitaine Butler après le sac du Palais d’été commis le 6 Octobre 1860

Avertissement: les parties 2 et 3 du  B sont empruntés à une publication du  journal ‘le monde’, en voici le lien  vous pourrez en faire une lecture utile

 

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